En Suisse, l organe législatif communal doit garantir l expression souveraine de la volonté de l ensemble des membres d une collectivité locale. Cette mission démocratique est remplie par l élection de représentant·es bénévoles. Or, selon un mythe tenace, ce principe d organisation non-professionnel de la vie politique locale, que l on aime appeler en Suisse le système « de milice », devrait permettre d éviter qu un fossé social ne se creuse entre le peuple et les membres du pouvoir politique. Et si ce fossé existait déjà depuis longtemps ? En alliant l histoire politique, la sociologie des élites et la géographie urbaine, l ouvrage a l ambition d apporter une réponse scientifique à cette question à travers une recherche sur la représentativité des membres des législatifs de quatre grandes villes suisses (Zurich, Lausanne, Lucerne et Lugano) entre 1945 et 2016. En prenant du recul face à la rhétorique d un système « de milice » socialement inclusif, l auteur met au contraire en lumière sa profonde sélectivité sociale.